Le parcours d’Anne-Sophie Martin, diplômée de l’Université 9IÖÆ×÷³§Ãâ·Ñ, chef d’entreprise et défenseure de la santé mentale, est marqué par l’ambition, la résilience et la découverte de soi. Dans le dernier épisode de 9IÖÆ×÷³§Ãâ·Ñ Management Insights, elle nous parle de ses expériences dans des environnements sous haute pression, de ses enjeux de santé mentale et de sa mission qui consiste à favoriser les conversations ouvertes sur le bien-être en milieu de travail.
Après avoir obtenu son baccalauréat en commerce de l’Université 9IÖÆ×÷³§Ãâ·Ñ en 2016, Mme Martin a commencé sa carrière chez Oliver Wyman, une prestigieuse société-conseil. Désireuse d’apprendre et de travailler aux côtés de spécialistes d’exception, elle s’est épanouie dans cet environnement dynamique, mais s’est rapidement rendu compte qu’il lui manquait quelque chose.
Elle explique : « J’ai atteint un plateau dans ma courbe d’apprentissage. »
À la recherche d’un travail plus enrichissant, elle a fait la transition vers l’entrepreneuriat social et a fondé une entreprise de microfinance au Kenya, qui offrait des prêts aux petites entreprises et du mentorat aux entrepreneurs locaux.
Si son parcours scolaire lui a fourni les outils pour diriger, ses expériences personnelles en lien avec la santé mentale lui ont fait revoir sa vision du succès et de la résilience.
Ce sont ses propres enjeux de santé mentale qui l’ont poussée à se consacrer à cette cause. En 2018, quand elle était consultante, elle a commencé à ressentir des signes d’anxiété sévère : fatigue persistante, maladies fréquentes et stress envahissant.
Un lundi matin, elle s’est rendue au travail en se sentant un peu déconnectée, comme c’était le cas depuis quelques semaines. Elle avait beaucoup de travail à faire, alors elle s’y est mise, mais s’est rapidement rendu compte qu’elle n’y arrivait pas. Peu de temps après, elle se trouvait dans un bureau médical, où on lui a diagnostiqué un trouble de l’adaptation accompagné d’anxiété.
« Ce jour-là , mon niveau d’anxiété était aussi élevé que si je me faisais poursuivre par un meurtrier, alors qu’en réalité j’étais seulement au travail », se remémore-t-elle.
Cette expérience l’a forcée à prendre un congé de maladie, ce qu’elle a d’abord accepté, non sans éprouver de la honte.
Mme Martin explique : « J’ai toujours cru qu’il y avait deux cas de figure en ce qui concerne les problèmes de santé mentale : soit on naissait avec un problème, soit on en développait un à 40 ans, quand la vie de famille et le travail devenaient difficiles à conjuguer. Ils n’arrivaient pas à 23 ans, quand on est surperformante. Je croyais vraiment que j’étais invincible. »
Un an plus tard, elle décide de partager son histoire. Dans l’espoir de mettre fin aux préjugés entourant la santé mentale dans les milieux de travail, elle publie un article dans La Presse et parle de son expérience devant 5 000 membres du personnel chez Oliver Wyman.
Elle s’explique : « Je voulais que mon histoire soit publique pour deux raisons principales. La première était le fait qu’on en parlait peu, surtout dans les environnements dans lesquels j’évoluais, où peu de gens se montraient vulnérables. En racontant mon histoire, j’ai incité un grand nombre d’autres personnes à faire de même. »
« La deuxième raison était la suivante : je voulais offrir un autre point de vue, qui différerait du discours ambiant », ajoute-t-elle. « Du moins, de ce qui me semblait être l’idée dominante. On nous dit que si on prend un congé de maladie ou si on a un problème de santé mentale, il faut travailler moins. Je ne me reconnaissais pas là -dedans. »
Mme Martin croit que les entreprises doivent être proactives pour soutenir le bien-être de leur personnel. Elle propose trois stratégies :
- Encourager les conversations ouvertes « Je crois que les leaders doivent se montrer plus vulnérables. Ainsi, le personnel se sentira à l’aise de le faire. » Elle insiste aussi sur le besoin de former les gestionnaires sur l’écoute active et l’intelligence émotionnelle.
- Repenser la santé mentale : « La santé mentale est souvent perçue comme un sujet lourd, mais on peut simplement la présenter comme un sujet très important. J’aimerais que les enjeux de santé mentale ne soient plus aussi stigmatisés. »
- Éliminer les obstacles aux soins : Qu’il s’agisse d’offrir des ressources sur la santé mentale ou de rembourser la thérapie, elle incite les entreprises à rendre ces démarches plus faciles pour leur personnel. « Le moindre obstacle qui se dresse entre une personne et les soins peut la décourager d’aller chercher de
l’aide », explique-t-elle.
Les expériences personnelles de Mme Martin l’ont finalement amenée à travailler chez Coral, une entreprise de santé féminine axée sur le soutien aux femmes ménopausées, où elle occupe actuellement le poste de directrice des opérations.
« Ma ménopause n’est pas encore survenue, mais j’ai eu des problèmes hormonaux sexospécifiques et j’ai suivi des traitements qui ne s’attaquaient qu’aux symptômes, mais ne réglaient pas le problème », dit-elle.
La mission de Coral est d’offrir des soins virtuels accessibles aux femmes qui présentent des symptômes comme l’insomnie, l’anxiété et la dépression.
« Les femmes finissent par quitter le marché du travail en raison de ce genre de symptômes, à un moment de leur vie où elles sont le plus productives », ajoute-t-elle. « Chez Coral, ce que l’on souhaite, c’est de révolutionner la santé des femmes et de les aider à s’épanouir pendant qu’elles sont encore dans la force de l’âge, et après. »
Malgré sa carrière exigeante, Mme Martin accorde désormais la priorité à la connaissance d’elle-même et à l’équilibre. Elle indique :
« Je n’attends plus la permission pour prendre soin de moi. Si j’ai besoin d’aller marcher ou de prendre du recul, je le fais. »
Sa définition du succès a évolué : il se mesurait auparavant aux réalisations extérieures, mais repose maintenant sur l’épanouissement personnel.
« Pour moi, le succès consiste à avoir du plaisir au travail, à la maison, et avec les personnes que j’aime. »
Voici son conseil pour les étudiants et étudiantes ainsi que les jeunes professionnels et professionnelles qui vivent de la pression et se remettent en question : « Vous êtes la personne la mieux placée pour connaître vos besoins et vos désirs, et savoir ce qui vous procure du bonheur ou de la fierté. Il ne s’agit pas de prendre la bonne décision, mais de vous assurer que c’est la bonne pour vous. »
Le parcours de Mme Martin illustre l’importance d’accorder la priorité à la santé mentale, de favoriser les conversations ouvertes et de repenser ce que signifie « s’épanouir » dans sa carrière et dans sa vie. Écoutez toute l’entrevue dans le dernier épisode de 9IÖÆ×÷³§Ãâ·Ñ Management Insights animé par Jessie Lin, récemment diplômée de la maîtrise en gestion du commerce au détail.
Écoutez cet épisode de 9IÖÆ×÷³§Ãâ·Ñ Management Insights :
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